L’imprimé a toujours été au cœur de mon travail. Après mon diplôme en arts plastiques de l’ESA Saint-Luc de Tournai, j’ai rejoint le collectif 38 Quai Notre-Dame pour y monter un atelier de sérigraphie associatif. À travers l’impression de nombreux projets d’éditions, d’illustrations ou d’images poétiques, mon travail de dessin et mon approche de la sérigraphie se sont peu à peu mêlés au point d’envisager aujourd’hui la technique d’impression comme un outil de dessin en soi.
Au carrefour de mes influences (bandes-dessinées, ukiyo-e, peinture, …), mes productions mettent souvent en scène des personnages loufoques, des dessins automatiques ou des décors fantastiques. Qu’ils soient le cadre d’une histoire ou le sujet principal de l’œuvre, les paysages constituent pour moi un puits de poésie intarissable que je cherche constamment à traiter de milles façons. Qu’on se focalise sur le réseau de rhizomes d’une touffe d’herbe ou que l’on contemple l’éruption d’un volcan, le paysage est source de vie, de mouvement, de force et d’émotion.
Souvent motivés par une narration, mes projets cherchent à explorer de nouveaux territoires réels ou fictifs. Les petites bandes-dessinées fantastiques ou de science-fiction que je compose, laissent toujours une place importante à la contemplation des paysages. Ils installent l’atmosphère et la dramaturgie, reléguant régulièrement les personnages au second plan.
Ces histoires et ces paysages sont également pour moi un vaste moyen d’exploration et d’expérimentation. Chaque projet en vient à questionner la sérigraphie et son apport à l’œuvre. Récemment, ma fascination pour les grottes et rivières souterraines, où se logent orgues calcaires et stalactites, m’a amené à vouloir rendre hommage à ces compositions naturelles. La sérigraphie intervient dans la mise en couleur comme une entremetteuse entre l’eau et les sédiments calcaires, leur permettant de se mêler le temps de laisser une trace de leur rencontre sur le papier.
La sérigraphie me donne aussi accès à une diffusion facilitée. Travailler le multiple devient autant une ouverture esthétique (accidents, variation des combinaisons, …) qu’une possibilité de distribuer les tirages pour provoquer échanges et discussions. Dans cette optique, j’ai également peu à peu transformé mon atelier pour le rendre le plus mobile possible. La technique, en allant au contact du public, pique la curiosité et invite tout naturellement au dialogue.